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Intervention d'Isabelle Choko le 24 mai 2011
Née en 1928 en Pologne, Isabelle Choko fut internée dans le ghetto de Lodz avec toute sa famille de 1940 à août 1944. Comme tout ghetto, celui de Lodz était considéré pour les nazis comme la dernière étape dans le processus de « la solution finale », c’est-à dire de l’extermination des juifs.
Au sujet du ghetto de Lodz, Raul Hilberg dans son livre « la destruction des juifs d’Europe » précise que dans l’Europe nazie le ghetto de Lodz détenait le record de longévité avec« 4 ans et 4 mois d’existence ».
Son père y est mort en février 1942.
Deux ans après Isabelle Choko est transférée avec sa mère à Auschwitz Birkenau lors de la liquidation du ghetto.
Isabelle Choko et sa mère y restent quelques jours avant d’être transférées dans un camp de travail à Celle.
Elles sont envoyées en février 1945 à Bergen Belsen où sa mère décèdera en mars 1945, de faim et de maladie. Isabelle Choko sera libérée le mois suivant.
Après un long périple par la Suède, Isabelle Choko arrive en France au début de 1946 où un oncle la recueille. C’est dans ce pays qu’elle sera championne de France d’échecs.
Elle est l’auteur également d’un livre « mes 2 vies » devenu malheureusement à ce jour introuvable
Compte rendu de la conférence
Isabelle Choko dans un premier temps, évoque le temps de son enfance heureuse, avant la guerre, le rôle de ses parents pharmaciens et l’importance de la culture dans son milieu familial (présence d’une belle bibliothèque au foyer, apprentissage du français car la France représentait un modèle de liberté, de culture et des droits de l'Homme).Elle est fille unique, gatée et choyée
Souvenirs de moments joyeux, comme le bonheur de se retrouver dans la chambre parentale le dimanche.
En 1939 déclenchement de la guerre. La famille reste par solidarité avec leur grand-mère.
Les villes sont vidées des forces vives (les hommes valides ayant entendu qu'ils seront envoyés aux travaux forcés en Allemagne partent sur les routes). Le but recherché des allemands est l’affaiblissement de la population.
Les mesures antijuives sont immédiates. Le travail se fait rare, les spoliations nombreuses (scellés, souvenirs personnels pris par les allemands).Le port obligatoire des 2 étoiles est quasi immédiat.
Le Ghetto de lodz a été installé dans la partie la plus délabrée de la ville, entouré par des barbelés. L’exigüité du logement (5 m2 par personne) s’avère très douloureuse et dangereuse (contagion des maladies). La famine sévit gravement (la ration alimentaire est réservée pour ceux qui travaillaient. Même les petits étaient sollicités). A tous ces malheurs se rajoute la rudesse du climat polonais (sans chauffage)
Les parents d’Isabelle Choko réussissent à réunir la famille dans une maison (ce qui représente à l’époque une grande chance). Autre rareté : ils disposent d’un poste émetteur, construit par les jeunes de la maison,très précieux car il permet de recevoir des nouvelles du ghetto de Varsovie (qui ne sont pas bonnes)
Dans le ghetto de Lodz, les enfants, les vieillards sont embarqués régulièrement pour une destination inconnue.
La lecture représentait alors pour Isabelle Choko une évasion nécessaire
Lors de la liquidation du ghetto, leur cachette est débusquée .C’est le départ à Auschwitz, dont sa mère et elles ignorent tout (sa mère emporte pour son voyage les cahiers de devoir de sa fille)
A l’arrivée, un homme à Auschwitz la sauve en la prévenant de prendre la file de gauche lors de la sélection. "Allez à gauche" lui dit-il .C'est ce qu’elle réussira à faire en prenant soin de faire venir dans cette file sa mère. Ce qui va la sauver également c’est son apparence : elle paraît plus âgée que son âge.
Le camp d’Auschwitz est l’expérience de la déshumanisation la plus totale. La volonté d’humilier est permanente. Les nuits en Pologne sont très froides, les appels interminables.
Isabelle Choko et sa mère sont envoyées ensuite dans un camp de travail où la solidarité féminine les sauvera. Elles bénéficient également de l’aide exceptionnelle d’un officier de la Wehrmacht qui les place dans un garage avec des officiers français.Elle maîtrise la langue française, ce qui représente un atout considérable. Grâce à cela, elles ont de la nourriture, reçoivent des nouvelles du front.
Puis c’est le départ vers Bergen Belsen, camp envahi par les poux. Isabelle et sa mère attrapent le typhus.
Sa mère en meurt . Isabelle veut se laisser mourir mais par solidarité pour ses camarades, elle survit. Elle et ses amies se font la promesse de témoigner.
A la Libération, par l'armée anglaise , le 15 février 1945, elle est mourante et éprouve des difficultés pour boire et manger (à 16 ans elle pèse 27 kg) mais finalement ce sera une chance car beaucoup d’internés sont morts d’avoir mangé la nourriture des soldats que leurs estomacs fragiles à l'extrême n'ont pu supporter .
Après trois mois dans un hôpital de Bergen Belsen, sa convalescence se poursuit en Suède (elle sera guéried'une infection localisée,d’un eczéma assez grave et d'une pneumonie). Elle habite dans un village où la population est très accueillante. Elle rencontre un pasteur qui la marquera. L’adolescence sera à jamais pour elle une période inconnue.
Grâce à l’initiative d’une Soeur de Charité de la Mission Vaticane, Suzanne Spender, elle parvient à recontacter son oncle et sa tante.
Elle construit sa nouvelle vie en France dès son retour, en février 1946, apprend le français avec Maupassant. Elle se marie, a des enfants, petits et arrière-petits enfants devient championne d’échecs, s’occupe avec son mari de restauration.
Elle retournera plus tard à Lodz dans l’espoir de retrouver la chambre à coucher de ses parents. En vain.
Plus tard elle aura de la difficulté de parler à ses enfants. Ce sera plus facile avec ses petits-enfants.
Ce qu’elle veut, c’est entretenir la mémoire, témoigner, mettre en garde contre le racisme et l’antisémitisme, contre toute manipulation et enseigner que dans des catastrophes, il y a toujours de l’espoir. Dans une tragédie, il faut avoir du courage, il faut toujours essayer de retenir de cette expérience une force et aider l’autre.
Question des élèves
Question du pardon : on ne lui a pas demandé, pardon pour tous ceux ont été massacrés
Haine qui détruit la personne
Films sur la Shoah : Voyeurisme ?
Sérénité retrouvée ? Importance du temps de paix
Français appris par Maupassant
Causes de la survie ? : Ressources de l’être humain face au danger
Protection par les parents
Nécessité de parler avec ceux qui ont vécu la même chose ? Non elle apprend leur histoire par leurs conférences
Nécessité de témoigner pour les autres : promesse faite aux autres
Livre sur les lettres d’élèves
Question sur la religion juive
Famille de tradition mais la seule religion à laquelle elle peut croire : celle de ses parents
Influence du pasteur
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