Sorj Chalandon journaliste au "Canard enchaîné", ancien grand reporter à "Libération " est également écrivain, l’auteur de nombreux livres :"le petit Bonzi » paru en 2005, « Une promesse » en 2006 qui reçoit le prix Médicis, « Mon traître » en 2007, « La légende de nos pères », sélectionné pour le prix Goncourt en 2009, "Retour à Killibegs", prix de l’Académie française en 2011
Texte de présentation :
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Les deux premières rencontres avec l'auteur (2011, 2012) furent l’occasion d’évoquer le conflit méconnu de l’Irlande, conflit long et douloureux dans lequel il fût personnellement impliqué Deux beaux livres sont nés de cette expérience vécue et traumatisante, de cette guerre oubliée, "Mon traitre" en 2008 et "Retour à Killibegs" en 2011.
Aujourd’hui Sorj Chalandon est venu nous parler son dernier livre "le Quatrième mur", couronné l’année dernière par le très beau Goncourt des lycéens
Ce livre est consacré à un autre conflit oublié, celui du Liban et du massacre de Sabra et Chatila (p.262) Massacre de réfugiés palestiniens par les milices chrétiennes libanaises (évoqué en 2008 dans le très beau film d’Ari Folmann « Valse avec Balchir »)
Ce roman, lui aussi venu d'une blessure personnelle, profonde, raconte le projet fou et magnifique d’un metteur en scène, Samuel Akounis, juif et grec, né en 1940, ancien enfant caché, rescapé de la déportation des 55 000 juifs de Salonique et victime ensuite de la dictature des colonels. Ce combattant, ce résistant souhaite "s’élever contre la guerre" (p.100), en montant la pièce d’Anouilh "Antigone" à Beyrouth avec des acteurs de toutes les communautés, pour une seule et unique représentation.
Gravement malade, il confie cette mission à un ami proche, Georges, militant d’extrême gauche, familier de la violence.
Utopie sublime pour résister à l’horreur et à l’absurdité de la guerre. "Faire baisser les fusils pour une heure" (p.100) Utopie folle, vaine.
Questions introductives :
Ce livre a-t il écrit pour faire le deuil de la paix ?
pour évoquer le drame de la guerre et le fait que l’on en sort jamais véritablement, qu’on peut même succomber à sa fascination ? que finalement "le Quatrième mur" s’effondre pour Georges ?
Ou finalement ce livre n’est-il pas un formidable démenti à la phrase ultime d’Anouilh (citée dans l’épilogue). N'est-il pas, en effet un acte de résistance contre l’oubli en offrant un nom à tous "ces morts inutiles" (fut-il fictif ) Imane, Nakad, Joseph Boutros et celui bien réel, figurant sur l’affiche rouge, Joseph Boczov (p.77) ?" (A Lion)
Commentaires de Cécile Ladjali dans "Ma bibliothèque : lire, écrire, transmettre" (Seuil, 2014)
"L'écrivain décide d'organiser une trêve poétique à Beyrouth autoru de la pièce d'Anouilh, en invitant des jeunes gens des deux camps à monter sur scène pour fomenter la paix.Fragile espoir, taigneux espor, que celui des poètes en 1982...Sous les bombes, le quatrième mur ne tient pas" p.68